Si vous êtes arrivé ici, ce n'est certainement pas le fruit du hasard. Je suis même pratiquement convaincu que vous avez tapé 'syndrome du côlon irritable" dans un moteur de recherche quelconque.
Je suis atteint de ce mal, enfin de ce syndrome comme disent les médecins, depuis déjà une quinzaine d'années. Aucun traitement n'a été efficace. Autant ce syndrome désintéresse les médecins - s'agissant d'une maladie bénigne ou devant leur impuissance? - autant il les déconcerte.
Autant vous dire que le syndrome du côlon irritable fait partie intégrante mon quotidien, et pourtant, malgré toutes ces années passées ensemble, je n'ai pas appris à vivre avec : moi et mon côlon sommes devenus inséparables et pourtant je n'ai pas réussi à le dompter, au mieux ai-je appris à le connaître un peu plus. Ce mal constitue une gêne de presque tous les jours, me rend la vie incommodante, à en devenir par moments même insupportable, comme un supplice. Certes il y a des accalmies, des périodes où il semble se faire oublier. Et patatras il resurgit sans crier gare, me gâchant à nouveau l'existence.
Je suis pourtant dans la force de l'âge : quadra dynamique, sportif, marié, père de deux adorables enfants... qui pourrait croire à mon mal être ? Si ceux qui me connaissent savaient! Ma carrière professionnelle (pourtant promise à un avenir encourageant) a forcément pâti de cette gêne , mais je m'en suis accomodé (c'est du moins ce que je me dis) et j'en ai maintenant tiré les avantages, même si je n'ai pas eu le choix. Mais le pire est que ce satané syndrome déteint aussi sur ma vie familiale car mes proches immédiats - eux seuls - sont, par la force des choses, au courant (comment pourrait-il en être autrement, puisqu'ils me côtoient). Je me donne beaucoup de mal à cacher mon mal, malgré une souffrance presque quotidienne, et j'occupe le plus clair de mon temps à dissimuler ce mal honteux et humiliant aux yeux de tous (famille, amis, collègues...). Je me suis ainsi transformé en spécialiste du subterfuge et des excuses bidons. Car une simple invitation à dîner devient un enfer. On ose plus sortir, de peur que le mal surgisse subpreticement, imparable.
Contrairement aux autres maladies, je veux dire les "vraies", on pourrait chercher du réconfort en se confiant à un tiers, ou en se plaignant de ses maux : on ne peut pas, tout simplement. Vous voyez d'ici les moqueries et les railleries des autres, même si je l'accorde, les situations peuvent être cocasses (je suis même parfois le premier à en rire). Et que dire de ceux qui savent mais ne comprennent pas? N'est-ce pas pire?
Je me sens rongé petit à petit par ce mal, qui empiète de plus en plus sur ma vie, me vide dans tous les sens du terme : je suis souvent fatigué, dès le réveil. Déprimé. Mon irritabilité devient de plus en plus courante.
Vous qui me lisez, vous savez de quoi je parle? Ou les autres, comprenez-vous un tout petit peu ce que je peux ressentir? Bienvenue dans mon monde caché qui n'a rien de réjouissant.