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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 21:07


Cela doit remonter aux années 1993 ou 1994. Je travaillais depuis trois ans comme techico-commercial dans une société internationale. Le poste me plaisait et on appréciait mon travail. C'est alors que notre direction nous annonça que notre département ne serait bientôt plus rattaché à la maison mère, en vue d'un rachat imminent par une société étrangère. Cela se concrétisa en effet les semaines suivantes (on fut racheté par une compagnie américaine) ; survinrent alors plusieurs restructurations, puis les premiers licenciements… L'ambiance se dégrada, les bruits de couloir allaient bon train, la peur du lendemain gagna les employés.

Telle était l'ambiance, quand un midi en rentrant de déjeuner, une pause aux toilettes s'imposa. Je ne soupçonnais pas que c'était la première crise d'une longue série. Car je ne m'en inquiétais alors nullement, pour moi soit j'avais simplement mangé quelque chose qui ne passait pas (j'étais déjà fragile des intestins) soit cette crise était tout simplement d'origine virale.

Par contre, ce qui était nouveau, et qui me surprit par la suite, c'était la fréquence et la régularité de ces crises "post-déjeuners" qui me frappaient de plus en plus souvent. Le phénomène était arrivé brutalement : ce n'était pas comme d'habitude. Je commençais par corriger d'abord mon alimentation (en réduisant les fibres par exemple) et dans le même temps je consulta mon généraliste. Il me donna différents traitements qui furent tous inefficaces. D'ailleurs j'ai toujours eu comme la vague impression qu'il ne m'avait jamais vraiment pris très au sérieux…

Ces troubles intestinaux devinrent rapidement une gêne quotidienne, moins dans ma vie sociale (du moins au début) que dans ma vie professionnelle. J'avais l'habitude de me déplacer régulièrement - dont au moins une fois par mois à l'étranger - et de déjeuner avec des clients. Les crises qui ne manquaient jamais de survenir dans de telles circonstances devinrent si pénibles que j'en devins vite déstabilisé. Craignant de plus en plus les déplacements, j'essayais de les éviter, quitte à me mettre dans des situations conflictuelles vis-à-vis de ma hiérarchie, en invoquant à chaque fois des excuses guère recevables. Presque quinze après, je n'ai pas résolu ce problème, et j'aborde toujours chaque réunion, chaque rendez-vous, chaque déplacement gavé d'Immodium, pour pouvoir tenir quelques heures!

Le pire, c'est que ces crises sont survenues à un moment où ma vie était sereine, et ma carrière professionnelle promise à un avenir presque tracé. Mes petites angoisses de jeunesse étaient pratiquement oubliées, la sensibilité de mes intestins s'était même estompée. Je ne sais pas si c'est la peur de mon avenir professionnel - avec les soubresauts que traversait mon entreprise durant ces années, conjugués aux effets de la crise économique de 1994 - qui fut le "facteur déclencheur". Si aujourd'hui j'ai gardé ma place dans cette société où je travaille d'ailleurs toujours, je me suis du même coup "auto condamné".

Pour revenir à mes intestins, devant l'inefficacité des médicaments proscrits par mon médecin généraliste, j'ai fini par me décider à aller consulter un gastro-entérologue. Les premiers traitements qu'il me donna furent tout aussi inefficaces que les précédents. Il me fit alors passer une coloscopie : on me parla d'une vague colite. Suite à cet examen, et au résultat, tous les médicaments qui suivirent n'eurent pas plus d'effet. Le pire est que je n'avais pas vraiment de nom à mettre sur cette maladie! Ses origines semblaient comme mystérieuses. Les mots qui sortaient de la bouche de mon gastro-entérologue au sujet de ce mal étaient tellement vagues que ça me désorientait. On me répétait que ma maladie était bénigne et pourtant elle me pourrissait ma vie de tous les jours. Aussi je finis par arrêter les consultations. Si j'ai connu plus tard une petite accalmie d'une ou deux années, les symptômes sont vite réapparus. J'avais alors changé de généraliste, et face à mes crises redevenues régulières, il y a deux ans il me refit passer une coloscopie : tout était parfaitement normal. Aujourd'hui je revois mon gastro-entérologue tous les 6 mois, je sais au moins que je souffre du syndrome du côlon irritable, et les divers traitements demeurent toujours aussi inefficaces. C'en est déconcertant. A s'en prendre la tête dans les mains.

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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 15:32


Pendant mon enfance, certains évènements me donnaient systématiquement des maux de ventre : rentrée scolaire, départ en colonie de vacances… et besoin d'aller aux toilettes plusieurs fois avant de quitter la maison. L'expression la peur au ventre – rapportée à mon cas – prend vraiment tout son sens…

Toujours est-il que ces petits inconvénients et cette gêne récurrente m'ont poursuivi durant toute mon adolescence, mais heureusement je ne "ressentais" pas le besoin de me vider les intestins dans la journée (comme cela est souvent le cas aujourd'hui, et toujours ce besoin maladif de chercher systématiquement les toilettes dès que j'arrive quelque part). Ouf! Mes journées étaient au moins tranquilles de ce côté-là.
 

Par contre, si à chaque rendez-vous important (examens, oral du bac etc.) je souffrais encore assez peu du "bas" (hormis le fait d'aller plusieurs fois aux toilettes avant de partir quelque part, comme je viens de l'évoquer) en revanche je souffrais du "haut". En proie à un tract difficile à contenir, incapable d'avaler quoi que ce soit au petit déjeuner, noué, dans un état nauséeux, il me fallait souvent aller vomir pour me soulager. Le mal évacué, je me sentais beaucoup mieux après. Par contre le ventre vide, je manquai rapidement de tonus au cours de la matinée… bref.

J'ai toujours été sujet à l'anxiété, au stress, des petits riens comme un simple rendez-vous peuvent m'angoisser, et cela n'a fait d'ailleurs qu'empirer au fil du temps, surtout quand j'ai véritablement pris conscience de ma colopathie. Et pour aggraver un peu plus les choses, je suis une personne hypersensible, émotive, ayant du mal à contrôler ses émotions. Je me sens la chair à nue, comme si on avait ôté ma peau, dépourvu de l'épiderme protecteur agissant comme une armure et qui protège des agressions extérieures. Mes émotions transitent par mon tube digestif, ce dernier agissant comme une caisse de résonance, et en amplifie les effets… qui peuvent devenir dévastateurs! Soit dit en passant, difficile de vivre avec ce syndrome, dans une société où l'on cultive la performance et la sélection du meilleur!

Je peux aujourd'hui tirer quelques enseignements de tout ça : force est de constater que j'étais – depuis ma plus tendre enfance – comme "prédisposé" à être atteint de colopathie fonctionnelle. Ce syndrome sommeillait en moi, il était là, à l'état latent, prêt à s'éveiller, à surgir à la première occasion favorable qui se présenterait (j'aurais l'occasion d'y revenir dans un prochain article)… Il n'y a pourtant pas de relation de cause à effets, j'en suis intimement convaincu, entre mon dérèglement intestinal et  mes anxiétés. Je peux l'affirmer, même si j'avoue que cette idée m'a effleuré l'esprit. Car en effet à une époque tout s'est mélangé dans ma tête : mon dysfonctionnement intestinal était-il bien réel? Etait-ce une véritable pathologie ? Mes maux de ventre n'étaient-ils pas provoqués tout simplement par mon anxiété? Et si finalement tout se passait dans ma tête? J'étais comme perdu, ne sachant plus quelle part accorder au "facteur psychologique" dans tout ça. J'ai compris aujourd'hui que le stress, l'anxiété ne sont en fait que des facteurs aggravants, et que ce satané syndrome du côlon irritable existe bel et bien, qu'il n'est pas le fruit de ma seule émotivité. Je pense simplement que pour les personnes anxieuses, les effets s'en trouvent  décuplés. En aucun cas, on peut avancer que les autres - les gens "cool" et pas stressés – échapperont à ces troubles fonctionnels de l'intestin. Ce syndrome peut toucher n'importe qui.

Mais par contre, par la suite, cette gêne devient tellement handicapante, si difficile à vivre en société, qu'alors elle finit par atteindre le mental du malade (déprime, fatigue). Il en est ainsi de mon cas personnel. C'est pour moi indiscutable, et c'est ce que je crois! Qui pourrait me contredire, car qui mieux que moi me connaît?

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