Pendant mon enfance, certains évènements me donnaient systématiquement des maux de ventre : rentrée scolaire, départ en colonie de vacances… et besoin d'aller aux toilettes plusieurs fois avant de quitter la maison. L'expression la peur au ventre – rapportée à mon cas – prend vraiment tout son sens…
Toujours est-il que ces petits inconvénients et cette gêne récurrente m'ont poursuivi durant toute mon adolescence, mais heureusement je ne "ressentais" pas le besoin de me vider les intestins dans la journée (comme cela est souvent le cas aujourd'hui, et toujours ce besoin maladif de chercher systématiquement les toilettes dès que j'arrive quelque part). Ouf! Mes journées étaient au moins tranquilles de ce côté-là.
Par contre, si à chaque rendez-vous important (examens, oral du bac etc.) je souffrais encore assez peu du "bas" (hormis le fait d'aller plusieurs fois aux toilettes avant de partir quelque part, comme je viens de l'évoquer) en revanche je souffrais du "haut". En proie à un tract difficile à contenir, incapable d'avaler quoi que ce soit au petit déjeuner, noué, dans un état nauséeux, il me fallait souvent aller vomir pour me soulager. Le mal évacué, je me sentais beaucoup mieux après. Par contre le ventre vide, je manquai rapidement de tonus au cours de la matinée… bref.
J'ai toujours été sujet à l'anxiété, au stress, des petits riens comme un simple rendez-vous peuvent m'angoisser, et cela n'a fait d'ailleurs qu'empirer au fil du temps, surtout quand j'ai véritablement pris conscience de ma colopathie. Et pour aggraver un peu plus les choses, je suis une personne hypersensible, émotive, ayant du mal à contrôler ses émotions. Je me sens la chair à nue, comme si on avait ôté ma peau, dépourvu de l'épiderme protecteur agissant comme une armure et qui protège des agressions extérieures. Mes émotions transitent par mon tube digestif, ce dernier agissant comme une caisse de résonance, et en amplifie les effets… qui peuvent devenir dévastateurs! Soit dit en passant, difficile de vivre avec ce syndrome, dans une société où l'on cultive la performance et la sélection du meilleur!
Je peux aujourd'hui tirer quelques enseignements de tout ça : force est de constater que j'étais – depuis ma plus tendre enfance – comme "prédisposé" à être atteint de colopathie fonctionnelle. Ce syndrome sommeillait en moi, il était là, à l'état latent, prêt à s'éveiller, à surgir à la première occasion favorable qui se présenterait (j'aurais l'occasion d'y revenir dans un prochain article)… Il n'y a pourtant pas de relation de cause à effets, j'en suis intimement convaincu, entre mon dérèglement intestinal et mes anxiétés. Je peux l'affirmer, même si j'avoue que cette idée m'a effleuré l'esprit. Car en effet à une époque tout s'est mélangé dans ma tête : mon dysfonctionnement intestinal était-il bien réel? Etait-ce une véritable pathologie ? Mes maux de ventre n'étaient-ils pas provoqués tout simplement par mon anxiété? Et si finalement tout se passait dans ma tête? J'étais comme perdu, ne sachant plus quelle part accorder au "facteur psychologique" dans tout ça. J'ai compris aujourd'hui que le stress, l'anxiété ne sont en fait que des facteurs aggravants, et que ce satané syndrome du côlon irritable existe bel et bien, qu'il n'est pas le fruit de ma seule émotivité. Je pense simplement que pour les personnes anxieuses, les effets s'en trouvent décuplés. En aucun cas, on peut avancer que les autres - les gens "cool" et pas stressés – échapperont à ces troubles fonctionnels de l'intestin. Ce syndrome peut toucher n'importe qui.
Mais par contre, par la suite, cette gêne devient tellement handicapante, si difficile à vivre en société, qu'alors elle finit par atteindre le mental du malade (déprime, fatigue). Il en est ainsi de mon cas personnel. C'est pour moi indiscutable, et c'est ce que je crois! Qui pourrait me contredire, car qui mieux que moi me connaît?